A SIRIUS HUMAN
Un monde patriarcal sur le point de s’autodétruire, une navette en direction de la planète Sirius, une femme rebelle oubliant peu à peu sa langue marquée par l’emprise masculine.
À travers un film et une installation l’artiste suisse Maëlle Gross nous convie à un voyage intergalactique s’inspirant de différents univers.
Sa recherche se base notamment sur les théories de la réalisatrice féministe Laura Mulvey autour du « gaze », terme difficilement traduisible décrivant le regard ou la façon de regarder un sujet de façon insistante, par exemple lorsqu’on le filme. Dans la lignée de ses précédents travaux vidéo, c’est la construction des rapports de domination homme-femme et l’objectification dans la narration que Maëlle Gross questionne, cherchant dans ce contexte à positionner et réapproprier un regard sur le féminin.
Ces questionnements la conduisent à s’intéresser à des formes de mythologies New-Age développées dans les années 80 se fascinant pour la planète Sirius et considérant l’espace comme source de flux et d’énergie. En découle une esthétique fantasmagorique incluant symboles mystiques ou figures de dauphins. Ces formes de spiritualités modernes et essentiellement féminines offrent un espace d’expression et de narration alternative, transmise au sein de communautés internet. A l’opposé des mythologies monothéistes figées, une forme de transmission orale se met alors en place, par exemple via la pratique de nouvelles formes de langage.
A partir de ces références, Maëlle Gross imagine un film et une installation de photographies qui lient cette volonté de réappropriation du regard féminin à une esthétique New-Age issue d’internet, créant ainsi un univers aux dimensions loufoques et proche des codes de la Science-fiction.
texte de Marie Joliet, commissaire de l'exposition; The Gaze is on us: What's the situation here?